Le latin ? Quésako ?
Non sérieusement, de la 6ème à la 1ère, en changeant d'établissement à 3 reprises je n'ai jamais eu accès à une telle option ^^ Que ce soit au public ou bien au privé, je n'ai jamais connu ça
Eh bien c'est tout simplement honteux.
Ensuite, Scarecrow, je m'excuse par avance, mais je pense que tu t'attendais à cette réaction de ma part après ce que tu viens d'écrire.
et c'est pas forcément utile si c'est juste pour en avoir pendant une heure dans la semaine
Voilà pourquoi nous en avions trois...
Ça sert à rien aujourd'hui d'apprendre le latin, à part si on veut faire de la littérature ou quoi
La littérature, c'est 30% des enseignements du collège et du lycée. Et tu confonds
faire de la littérature et
apprendre la littérature. Les futurs commerciaux, agents divers et variés, universitaires, sociologues, et autres quantités de métiers, doivent avoir une culture générale aiguisée et donc connaître les grandes idées des lettres. Quant aux scientifiques, il incombe de remarquer que toutes les figures excellant dans leurs domaines s'accordent à dire que la curiosité scientifique ne doit en aucun cas se permettre de méconnaître les lettres et l'histoire.
Donc pour résumer : il n'existe strictement aucune orientation professionnelle qui puisse dire que l'apprentissage des lettres, qu'elles soient modernes ou classiques, ne lui serait d'aucune utilité. Et encore, je ne parle pas de la conscience citoyenne.
Si quelqu'un est vraiment intéressé et veut se spécialiser dans les langues, il reverra normalement toutes les bases en prépa ou en fac !
Bah voyons.
Moi je pense qu'il pourrait même attendre bac+5 avant d'ouvrir un Gaffiot.
Il y a quelques décennies, les enfants des écoles primaires avaient un niveau en latin bien supérieur à celui de la plupart des lycéens d'aujourd'hui. Par ailleurs, rien que pour entrer dans certaines prépas, il faut avoir fait latin et avoir obtenu de très bons résultats. Dans le lycée où j'étais, les futurs préparationnaires en lettres (pures ou avec socio, éco et maths) devaient, avant le 31 août, maîtriser les cinq déclinaisons, les conjugaisons et le vocabulaire fondamental et avaient un devoir le jour de la rentrée, qu'ils aient eu des cours ou non. D'autre part, si on ne fait pas vivre les langues anciennes dans les collèges et lycées, elles disparaîtront totalement dans le supérieur puisque personne n'aura un début d'idée de l'apparence de leur queue. Je suis tout à fait d'accord avec toi quand tu dis que le niveau en français baisse, mais c'est terriblement hors sujet, à ceci près que les grammaires latine et grecque peuvent considérablement aider les enfants à comprendre celle à laquelle nous sommes sujets. Quant aux petites décisions de l'Académie française, même combat : rien à voir. Du reste, ils ne décident de rien puisque les anciennes orthographes courent toujours et courront toujours tant que les gens auront encore un semblant de logique. Non, le problème n'est pas là, il faut arrêter de reléguer les questions qui fâchent réellement. Les gamins d'aujourd'hui ne lisent plus, écoutent du rap et anglicisent à qui mieux mieux. Les professeurs, eux, n'ont plus aucune autorité et sont chargés d'assurer la belle
auto-dictée, c'est-à-dire l'exercice le plus débile et rassurant du monde.
D'autre part, on ne libère pas d'argent pour maintenir le latin mais pour assouvir la soif quinquennale ministérielle de réformes inutiles, simplement pour que le mandat reste dans les mémoires (et hélas pour de sombres raisons). Arrêtons de nous mentir : le système fonctionnait merveilleusement bien il y a moins d'un siècle et aujourd'hui nous sommes au bord du gouffre intellectuel. D'où, d'ailleurs, l'énorme claque du supérieur que se prennent les jeunes étudiants. Le coût des profs de LC est installé depuis des années : le seul hic, c'est qu'ils ont supprimé l'agrégation, alors forcément, du point de vue de la cohérence économique, ça pose quelques soucis.
Pour ce qui est de chercher des solutions en français, je veux bien concéder que le terrain est pour le moins congestionné. Je pense tout simplement que le nom de la matière parle de lui-même : "français". Est-ce normal, à y bien réfléchir ? Non. Je ne pense pas que ce soit normal. Au collège, il devrait déjà y avoir écrit "littérature", pour les francophones du moins... Ils se sentent obligés de s'adapter à la nouvelle génération, et c'est ce qui est le plus apeurant à mon sens. Je n'ai pas très envie de me replonger dans les images d'Ignazio de l'autre jour, mais elles sont symptomatiques je crois de ce côté mainstream que veut se donner l'éducation d'aujourd'hui, côté aussi ridicule que délétère. Cette éducation manque, de toute évidence, de sévérité, de rigueur et d'efficacité.
Enfin, je doute que l'on puisse raisonnablement affirmer que cela ne serve à rien d'étudier une langue ancienne. Intellectuellement, on mérite mieux, je trouve. Les enfants méritent mieux. Nous ne demandons tout de même pas l'introduction du sanskrit, punaise ! Ma pensée pourra paraître conservatrice, mais je pense effectivement qu'avant de créer des chaires et des postes en chinois, en arabe ou que sais-je, il faudrait sauver ce qui doit être sauvé. Nous demandons le maintien des deux langues qui sont à l'origine de toutes celles qui nous entourent en Europe, les deux cultures qui ont successivement façonné l'histoire de la démocratie dans laquelle nous vivons ; au-delà de ces langues, il y a les mythes, les philosophies, les religions qui ont directement modelé l'Occident tel que nous le connaissons aujourd'hui. Un patrimoine tellement énorme qu'il est impossible de ne pas parler d'étymologie en littérature. Inutiles, le latin et le grec ? Mais comment peut-on effleurer l'idée ? Comment peut-on imaginer pouvoir posséder les clefs de la pensée contemporaine sans l'avoir reconstruite brique après brique ? Comment ne pas vénérer la mise en place du système démocratique de l'
Orestie d'Eschyle ? Comment parler d'éloquence sans citer Cicéron ? Comment parler de poésie sans citer Horace ? Comment ne pas baisser la tête quand on voit qu'Aristophane a fait des femmes les héroïnes d'une de ses pièces ? Ces civilisations antiques étaient au moins aussi évoluées que la nôtre par leur pensée et leurs engrenages démocratiques. Priver les enfants de leur accès est criminel et il faudra se battre, quelque absurde qu'apparaisse l'idée même, pour le préserver d'une part et lui redonner la place qu'il mérite d'autre part.