.: L'expression "mort naturelle" est charmante. Elle laisse supposer qu'il existe une mort surnaturelle, voire une mort contre nature. Et c'est tout à fait vrai. Certains ne le pensent pas mais d'autres en sont certains. Et c'est le plus souvent ceux qui la procurent. Tout comme Sidoh, faisant souffrir et mourir.
Mais la mort est douce : elle nous délivre de la pensée de la mort. Car le jeune homme allait enfin être apaisé par ses pensées qui devaient certainement lui torturer l'esprit.
Il allait mourir dans quelques minutes et il le savait. Mais à la différence des autres victimes de l'Aigle Noir, lui pouvait choisir comment elle allait se passer tout simplement par ce qu'il menaçait Sidoh de se suicider.

.: Sidoh continua à caresser le jeune homme en douceur quant elle le sentit se crisper. Il commençait à angoisser et à se demander si son heure était réellement venue et si son destin était de mourir en se suicidant.
Bien que dans tous ces états, il ne tremblait pas le moins du monde. Sa main ne faiblissait pas et le menaçait toujours de le faire passer vers le trépas.
Le jeune homme resserra légèrement sa prise. Puis sans hésitation, il l'enfonça dans sa chair.

.: En comprenant qu'il ne reviendrait pas en arrière, le coeur de Sidoh fit un énorme bond dans sa poitrine et elle ressentit comme une coulée de lave ardente y dégouliner. C'était une sensation atroce qu'elle n'avait encore jamais eue. Mais pourquoi l'avait-elle ? Pourquoi ?
Alors que l'horrible Aigle Noir criait d'une douleur qu'il ne comprenait même pas, il perçut un faible bruit. Sidoh tendit l'oreille. Il venait de la bouche du jeune homme.
Elle tourna la tête et observa le corps inerte. Un filet de sang dégoulinait de sa bouche et cela rendait à la scène un effet encore plus tragique.

.: Soudain, elle l'aperçut : la coupure qui aurait dû donner la mort au jeune homme. Et elle se rendit compte que la lame n'avait pas fendu la veine jugulaire. Pourquoi ? Sa victime l'avait-elle fait exprès ? N'avait-il finalement pas réussi à se tuer ?
Ou bien, ce n'était pas volontaire. Peut-être qu'en lui touchant le visage, elle avait poussé légèrement le bâton et que c'était ça qui avait sauvé le jeune homme. Sauvé ? Pourquoi employait-elle ce mot-là ?

.: La jeune fille qui, habituellement, se serait réjouie de voir qu'elle allait pouvoir s'amuser avec sa victime puisqu'elle était toujours vivante, s'écroula au sol. Elle ignorait ce qui lui arrivait mais c'était malsain. Et bien trop malsain. Elle ressentait...elle ressentait quelque chose ! N'était-ce pas une horreur ?
Si l'Aigle Noir était capable d'éprouver cela signifiait que ce n'était plu l'Aigle Noir. Mais Pourquoi ? Pourquoi ?

.: Sans savoir pourquoi elle faisait ça, Sidoh se releva et prit le corps du jeune homme dans ses bras. Puis elle se transplana dans sa chambre. Heureusement personne n'était dans l'appartement. Qu'aurait-elle fait si ça avait été le cas ?
Par précaution, la jeune femme ferma la porte à clé. Puis elle posa l'homme dans son lit. Enfin, elle s'assit. Elle ignorait totalement pourquoi elle n'avait pas abandonné sa victime comme toutes les autres. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle avait ressenti un besoin subit de le sauver. Il ne fallait pas qu'il meure. Elle aurait trop souffert si ça avait le cas.

.: La chance avait fait qu'elle était en deuxième année de fac de médecine et qu'elle savait donc ce qu'il fallait faire. Elle nettoya la plaie et administra les points de suture nécessaires. Puis, trop fatiguée par les derniers évènements, elle s'endormit la tête sur son propre lit, tenant dans sa main celle de sa soit-disant victime.

.: Tsuny aurait eu honte de celle qu'elle croyait sans pitié. Elle aurait tout de suite abandonné Sidoh et elle ne l'aurait plus considéré comme une complice mais plutôt comme une nouvelle victime.
Mais le pire, le pire de tout, était que Sidoh elle-même ignorait comment elle avait fait pour en arriver là et pourquoi elle en était arrivée là.