Contexte de Salem Extrait du journal d'Abigail Hobbs – 1692
Mon voisin me lance des regards suspicieux depuis plusieurs jours maintenant, il ne m’a jamais réellement appréciée et je crains qu’il ne me dénonce aux autorités. Je devrais essayer de prendre la fuite, de quitter le village en pleine nuit pour recommencer une nouvelle vie ailleurs mais je suis comme paralysée par la peur. Je sais ce qu’il arrive aux autres, nous le savons tous. Tout le monde ne parle plus que de ces hommes et de ces femmes qui sont pendus au sommet de la colline ou brûlés sur le bûcher. On raconte également que ceux qui confessent avoir usé de sorcellerie échappent à l’exécution mais j’ignore si cette rumeur est fondée ou si ce n’est qu’une ruse pour nous inciter à avouer nos ‘péchés’. Je sais cependant que toute personne accusée de pratiquer la magie, à tort ou à raison, se retrouve jetée en prison sans ménagement. La plupart d’entre nous est pourtant inoffensive, moi-même je n’utilise mes talents qu’avec de bonnes intentions. Mais comment pourraient-ils l’entendre ? Ils ne voient en nos pratiques que l’œuvre du Diable. Je vis dans la peur mais je sais pertinemment que rester cachée chez moi ne ferait qu’attiser les soupçons, je m’efforce alors de sourire et de continuer à vivre comme si aucune ombre ne planait au-dessus de ma tête. Aujourd’hui, toute notre communauté est menacée et nous ne pouvons nous empêcher de nous demander qui sera le prochain à se voir mettre une corde autour du cou...
En 2016, soit près de 324 ans après les procès de Salem, l’histoire semble se répéter. Tout a commencé à l’école primaire Bates où quatre enfants d’une même classe sont tombés malades les uns après les autres. Les parents ont d’abord constaté un changement de comportement : les petits se renfermaient sur eux-mêmes, traînaient des pieds en marchant et semblaient avoir perdu tout intérêt pour quoi que ce soit. Et puis la réelle inquiétude est arrivée lorsqu’ils se sont mis à marmonner dans une langue inconnue. Les locaux ont d’abord cru à une plaisanterie de mauvais goût d’une bande de copains qui voulaient faire peur à leurs parents en utilisant les atrocités commises des siècles plus tôt. Mais il a fallu se rendre à l’évidence quand ils ont tous été pris de violentes crises de convulsion : quelque chose n’allait pas. Plusieurs médecins de renommée mondiale, intrigués par ces cas inhabituels, ont fait le déplacement jusque dans le Massachussetts pour examiner les enfants, en vain. Malgré leurs examens acharnés et la technologie de pointe dont ils disposaient, ils n’ont pas été en mesure de trouver la cause de ces étranges symptômes. Jusqu’à ce que le jeune Bobby Branson, dans un rare moment de lucidité, confie à sa mère que son institutrice était responsable de son état. Il disait qu’elle ne les aimait pas beaucoup, lui et ses camarades, que c’était une sorcière et qu’elle les avait ensorcelés pour les punir d’avoir été trop turbulents pendant sa classe. Ces accusations d’apparence infondées n’étaient pas prises au sérieux par les autorités mais les gens se mettaient inévitablement à parler tout bas quand ils croisaient la jeune femme au supermarché. De plus en plus montrée du doigt, Samantha White ne s’est pas présentée au travail un jour et a depuis lors complètement disparu sans laisser de traces. La fouille de son appartement a révélé des choses étranges, la police y a trouvé un bon nombre d’objets insolites et il a fallu se rendre à l’évidence : le jeune Bobby ne mentait pas. La jeune femme se livrait indéniablement à des pratiques occultes et après avoir interrogé ses élèves, il s’est avéré qu’elle parlait également de sorcellerie aux enfants pendant ses cours. Après une enquête approfondie, les autorités de la ville de Salem n’ont pas été capables de retrouver Mademoiselle White mais ils ont découvert au cours de leurs recherches qu’elle était la descendante d’une femme accusée de sorcellerie en 1692 qui aurait juré vengeance. La police fait son possible pour maintenir le calme dans les rues de la ville mais les esprits sont déjà trop échauffés, ces révélations ont amené un groupe en colère à former une brigade de chasseurs de sorcières pour « assurer la sécurité des citoyens ». Ils agissent en toute illégalité et en parfaite impunité, n’hésitant pas à pénétrer dans les maisons pour les fouiller de fond en comble à la recherche de preuves compromettantes et lorsqu’ils en trouvent, c’est le passage à tabac assuré de la personne suspectée de pactiser avec le Diable. Même des innocents ont été roués de coups pour le crime de posséder un simple jeu de cartes divinatoires. Les sorciers et les sorcières de la ville se cachent, certains organisent leur fuite quand d’autres, bien décidés à ne pas laisser l’histoire se répéter, préparent de quoi riposter. Salem est à nouveau plongé dans le chaos et plus personne n’y est en sécurité…