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ACTUALITE DU 18 JUIN 2010

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Vie du forum

NOM: Le Balzec
PRENOM: Erwan

SEXE: Masculin
LIEU DE NAISSANCE: Paris, France
RACE: Druide

Histoire

J’ai toujours aimé la nature.
Enfant, j’ai grandi dans une ville saturée de voitures et de fumées d’usine. Je n’étais aps un enfant en bonne santé. Ma peau était pâle et j’avais souvent des problèmes respiratoires. Mes parents auraient pu déménager pour remédier à tout ça. Ils auraient pu nous emmener mes sœurs et moi à la campagne ou en bord de mer où j’aurais pu de nouveau respirer librement. Je n’étais pas à proprement parler asthmatique mais la moindre diffusion de fumée ou de poussière me provoquait d’interminables quintes de toux qui me brûlaient la gorge et l’œsophage. Mais ils n’en firent rien. Leurs métiers respectifs les empêchaient de s’éloigner de la ville. Pendant des années, j’ai donc rêvé de ciel pur, de champs à perte de vue ou de forêt pleine d’animaux.

J’ai grandi et j’ai choisi de faire des études qui me permettraient de quitter enfin l’enfer urbain dans lequel je vivais depuis trop longtemps. Je devins zoologue et je partais régulièrement dans la nature pour mes recherches. Lorsque j’eus assez d’argent, j’achetais une maison en Bretagne non loin de la forêt de Brocéliande. Je passais de moins en moins de temps dans mon laboratoire et de plus en plus à parcourir les chemins de cette forêt mythique. Je traitais mes données chez moi et envoyais les résultats et articles par mail. L’absence de contact avec d’autres êtres humains ne me dérangeait pas. J’étais un solitaire et je me contentais du chant des oiseaux et du bruit de la voiture du facteur qui me délivrait mon courrier quotidiennement. J’avais également pris l’habitude de faire la plupart de mes courses par internet.
Je n’étais pas misanthrope ni agoraphobe. J’aimais davantage la nature que l’humanité, c’était tout.

Bien des légendes circulent sur la forêt de Brocéliande, liée à la geste du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde. Ce ne sont que des légendes et en tant que telles elles me font davantage sourire qu’autre chose. Il faut avoir l’esprit romantique ou être bien naïf ou fou pour y croire. Et pourtant… Pourtant, à présent j’y crois. D’une certaine manière mais j’y crois.
Le nouveau millénaire venait de commencer et j’avais passé la soirée du réveillon chez ma sœur aînée qui avait réussit à me faire sortir de mon antre après plusieurs jours de négociations enragées. J’étais sur la route qui me ramenait dans mon paradis en ce matin du 1er janvier 2001 quand un grand cerf sorti brusquement de la forêt et manqua de heurter le capot de ma voiture. Je parvins à l’éviter d’un coup de volant et je me retrouvais dans le fossé bordier. Le temps de retrouver mes esprits, je sortis en toute hâte pour vérifier que l’animal n’était pas blessé mais je ne le trouvais pas. Il n’y avait aucune trace de sang sur le goudron. Je restais un moment perplexe mais j’en déduisis qu’il était retourné indemne dans la forêt.

Quelques jours plus tard, un homme sans âge se présenta à mon domicile en disant qu’il voulait me remercier. Il mentionna l’accident avec le cerf et ses yeux plein de douceur m’incitèrent à le faire entrer chez moi pour en savoir plus. Nous nous installâmes dans le salon pour discuter et je lui demandais naturellement comment il était au courant de l’accident et la réponse qu’il me donna eut l’effet de la foudre.

- Parce que le cerf… c’était moi.

Il me sourit et n’ajouta mot. Je crus qu’il était fou et me préparais à le mettre à la porte lorsqu’il se métamorphosa sous mes yeux ébahis. Je restais muet devant l’animal qui venait d’apparaître dans mon salon et ce fut lui qui m’expliqua ce que je vivais.

- Ils sont rares les hommes comme toi. Trop rares. Nous avons de plus en plus de mal à vous trouver et vous réunir. Je lis dans ton regard que tu ne comprends pas ce que je te dis. Assied-toi et écoute attentivement.

J’étais trop abasourdi pour le contredire et je m’asseyais les jambes tremblantes dans un fauteuil en cuir.

- Je ne suis qu’un esprit de la forêt et nous sommes menacés mes frères et moi. Depuis des millénaires des hommes sont chargés de nous protéger afin que l’harmonie règne entre vous et nous. Mais depuis un siècle, l’homme est devenu fou. Il saccage sa propre maison la Terre. Il la pollue et en extermine ses habitants. Un à un, les esprits de la nature disparaissent. Ces hommes qui nous protègent, tu les connais par les contes et légendes de ton pays. Ce sont des druides. Il faut un lien particulier avec la nature pour le devenir et toi tu possèdes ce don qui te permet de nous comprendre et de nous respecter. Tu l’ignores mais tu es un druide et ta mission commence aujourd’hui.

J’avais un peu de mal à croire à ce que j’entendais mais il avait parlé suffisamment longtemps pour me permettre de me rendre compte que je ne rêvais pas et qu’un cerf me parlait bel et bien au milieu de ma maison.

- Comment exercer cette mission ? De quoi aurais-je besoin ? Où dois-je aller pour l’accomplir ?

Les questions se bousculaient en moi et le cerf sourit de nouveau, si tant est qu’un cerf puisse sourire. Mais c’est l’impression qu’il me donna.

- Tu vis à Brocéliande. Tu sauras où aller pour trouver tes réponses. Saches que tu n’es pas seul. Adieu.

Il reprit forme humaine, me serra la main et s’en alla comme il était venu, sans bruit. Je ne prononçais aucun mot de peur de briser la solennité de notre échange et lorsqu’il eut disparu sur le chemin, je sus où je devais me rendre, ainsi qu’il l’avait dit : à la clairière qui portait le nom de Merlin.

NOM: Reiss
PRENOM: Emma
Nom d'usage: -

SEXE: Féminin
LIEU DE NAISSANCE: Bogota, Colombie
RACE: Nephilim de l'eau

Histoire

Pourquoi moi ? Qu’avais-je donc de si spécial pour me retrouver affublée de cette malédiction ? J’ignore tout de ces pouvoirs que j’ai reçus, j’ignore comment les utiliser et dans quel but. La plupart des gens rêverait de vivre ce genre de choses, de vivre comme dans les films en quelque sorte. Devenir un super héros pour de vrai ! Mais de mon point de vue, c’est une malédiction.
Je suis Colombienne et comme 99% de la population de mon pays, je suis profondément et sincèrement croyante. Se retrouver affublée de tels pouvoirs et de telles tares physiques ne peut que ressembler à un châtiment divin. Ma peau ruisselle de plus en plus, je crains souvent de me déshydrater complètement mais plus je sens les gouttes perler sur mon corps, plus la sensation d’humidité s’amplifie. Je ne sais comment remédier à cela et il m’est de plus difficile de cacher la froideur de mes mains. Cela fait deux ans maintenant que le phénomène a commencé. Il ne fait que s’intensifier avec le temps même si j’ai connu des périodes de stabilisation, voire même de régression où je pensais être sortie d’affaires. Je sais aujourd’hui que le processus est irréversible et que je suis en train de me transformer en un monstre dont je ne peux supporter la laideur dans le miroir. Mes cheveux sont devenus raides comme des bâtons et ils se sont mis à pousser de façon démesurée. J’ai beau les couper, ils repoussent toujours plus vite et toujours plus raides.

Tout a commencé un matin de printemps. Avec mon grand-père paternel Lorenz nous avions l’habitude, quand arrivaient les beaux jours, d’aller poser des casiers au large de notre ville,
Tumaco. Nous les relevions tous les soirs et ramenions à la maison des langoustes dont la chair était un véritable délice. Il possédait une petite embarcation de pêche, semblable à celle des autres pêcheurs de la région, et je l’avais souvent aidé à l’entretenir. Je crois qu’il aimait lorsque je l’accompagnais car il n’avait jamais pu faire ça avec mon père. Celui-ci, trop occupé par ses études et ses rêves de grandeur n’accordait que peu de valeur à une activité comme la pêche à la langouste. C’est pourquoi, mon grand-père avait reporté sa tendresse sur ma personne lorsque je suis née.

C’est donc comme à l’accoutumée qu’en ce matin de printemps 2008, je portais un panier de victuailles à borde de la barque fraichement repeinte. J’étais alors en thèse d’histoire mais je m’étais octroyé quelques jours de repos pour profiter de ces moments uniques avec mon grand-père. Celui-ci m’apprenait beaucoup sur la mer et ses habitants. A tel point qu’il y a quelques années, j’ai failli abandonner mes études d’histoire pour reprendre un cursus de sciences naturelles. Bien que nous habitions face à l’océan, mes parents n’ont jamais été de grands amateurs de baignades et autres joies qu’offre ce genre de situation, j’ai donc appris à nager sous l’œil protecteur et pédagogue de mon grand-père. Il y avait une grande complicité entre lui et moi et ce qui est arrivé ce matin-là a bien failli briser à jamais notre relation.

Les courants étaient très forts ce matin-là, ce qui était inhabituel et le vent s’était levé mais le ciel avait une belle couleur bleue et la mer bien qu’agitée restait navigable. Nous nous sommes donc éloignés rapidement de la côte et bientôt les habitations de pêcheurs ne furent plus que des petits points sur une grande langue de terre. Afin d’éviter de perdre du temps à relever des casiers vides, j’avais pris l’habitude de plonger et de tirer sur la corde du témoin fixée au casier pour signaler à mon grand-père les casiers pleins. Cette technique nous permettait de gagner du temps et donc de moins nous fatiguer, ce qui est loin d’être négligeable quand on est en mer.
Nous avions une dizaine de casiers à vérifier et déjà nous en avions remonté 3 contenant 5 belles langoustes quand c’est arrivé. Une masse énorme, comme je n’en avais encore jamais vue, une silhouette fuselée et une nage tout en souplesse. J’estimais sa longueur à 15 mètres peut-être 18. De longues lignes de points blancs parcouraient son corps gris et majestueux et je n’eu aucun doute sur la bête qui passait devant moi sans agressivité : Un requin baleine. Que faisait-il dans des eaux aussi peu profondes ? J’hésitais entre la panique et l’émerveillement. Je voyais les cordes des casiers bouger frénétiquement, agitées par mon grand-père qui lui aussi avait aperçu le géant.
Je vis l’énorme poisson faire un tour complet autour de moi, pendant que je n’osais faire un geste trop brusque. Il finit par se positionner face à moi, son énorme gueule édentée légèrement entrouverte.

Emma, délaisse ce monde de faux-semblants. Fuis ces hommes qui cachent de trop sombres passés et rejoins ceux qui se battent pour la vie, pour la Terre.

Je crus avoir rêvé. Cette voix… Elle sortait tout droit du requin ! Non, je devais faire un malaise ou quelque chose comme ça. Le temps de retrouver mes esprits et j’amorçais ma
remontée…

Emma !!!

Pareille à un tremblement de terre, sa voix fit vibrer l’eau autour de moi et je me sentis retenue sur le fond rocheux par une force invisible.

Emma, écoute-moi, écoute la voix des océans. La voix qui ne ment pas. Suis-la, tu es faite pour la rejoindre. D’autres avant toi ont été choisis, ils t’enseigneront ce que tu dois savoir.

D’un coup puissant de nageoire il disparut. Je restais tétanisée et je serais probablement encore au fond de l’eau si mon grand-père n’avait fini par sauter pour me remonter. Nous étions dans les bras l’un de l’autre, affolés, tremblants… et dans ma tête se bousculaient mille et unes questions. Nous avons laissé les derniers casiers et nous sommes rentrés aussi vite que nous le pouvions.
Une fois à l’abri dans la maison familiale, je racontais ce qui s’était passé. Bien sûr, hormis la présence du requin-baleine, confirmée par mon grand-père, personne ne voulut me croire, ce qui fit grandir mon désarroi. La nuit suivante, je partis sur la plage et scrutais l’horizon, espérant apercevoir la nageoire dorsale du requin. La lune était pleine et elle éclairait fortement la surface de l’eau mais je ne vis rien. Il n’y eut qu’un souffle d’air sur mon visage pour répondre à mon muet appel. Peut-être mon grand-père avait-il un sixième sens car il me rejoignit bientôt et nous nous assîmes au bord de l’eau.

Papi, de qui parlait le requin lorsqu’il disait que des hommes cachaient un sombre passé ? Il m’a ordonné de les fuir, j’en déduis que je vis avec eux. De quoi parlait-il ?

Mon grand-père se leva et regarda dans le vide. Il était silencieux mais je crus deviner une certaine crispation de sa mâchoire.

Cela signifie qu’il est temps pour toi de savoir certaines choses sur ta famille. J’aurais préféré que tu ne les apprennes jamais mais il semble qu’une force plus forte que tout l’exige. Emma, avant de te raconter cette histoire, je veux que tu saches que je t’aime de tout mon cœur.

Il me raconta alors sa naissance et sa jeunesse en Allemagne, la montée du nazisme, sa participation à la Shoah, sa fuite en Argentine en 1946 puis son installation définitive ici, en Colombie en 1949. Il me raconta la rencontre avec ma grand-mère colombienne et comment il parvint peu à peu à reconstruire une vie dans ce pays neuf. Il me raconta mon arrivée sur terre et l’amour qu’il me portait. J’aimais mon grand-père. Je pleurais beaucoup. Quand il eut fini, il rentra à la maison et me laissa seule sur la plage. Peu après, la nageoire dorsale du beau requin baleine fit son apparition à quelques encablures du rivage et je le rejoignis pour une dernière nage avec lui. J’entrais dans l’eau sans peur, je l’approchais avec respect et je faillis le suivre au large mais il me dissuada et me persuada que je devais désormais œuvrer ici sur terre, pour protéger les habitants de la mer.

Lorsque je revins sur la plage, je me sentais… différente.

NOM: Depierro
PRENOM: Lucia
Nom d'usage: Raguel, la main armée de Dieu

SEXE: indéterminé / apparence d'une femme
LIEU DE NAISSANCE: -

RACE:Archange

Histoire

Au commencement était le Verbe… Le Verbe créateur de tout et de nous-mêmes. Le Verbe qui me créa et qui me donna ma fonction.
Je suis Raguel, la vengeance du Seigneur.

Depuis quelques temps, j’observe que les hommes sont de plus en plus nombreux à se demander « A quoi bon croire en un dieu si semblable aux hommes ? » C’est vrai, Dieu est possessif, violent, rancunier et jaloux. Mais pourquoi les Hommes s’en étonnent-ils ? Ne les a t-il pas faits à son image ?
J’ai une mission parmi les miens et parmi les hommes. Je suis celui qui punit au nom du Très Grand. Je suis son exécuteur, sa main, sa volonté. Parmi les innombrables missions que j’ai exécutées en son nom, il y en a une que je poursuis depuis longtemps… trop longtemps. Il y a sur cette terre, deux créatures qui offensent notre Seigneur et maître. Certes, elles étaient là avant moi et avant bien d’autres choses mais le Seigneur n’est pas le seul offensé. Les Dieux anciens ne supportent plus la présence sur terre de ces deux vampires qui sont un affront à leur puissance. Ces Dieux et notre Seigneur se sont mis d’accord sur ce point : elles doivent disparaître. C’est moi que l’on a chargé de cette mission. Les retrouver et les effacer définitivement de la mémoire du monde. Mais partout où je vais, ils me précèdent ou m’échappent. Je les ai déjà combattus mais même séparés, ils sont d’une force surprenante, même pour moi.

Elle c’est Amasis Gem-Nef-Hor-Bak, la créature. Lui c’est Oudja Hor Resnet, le créateur. Ils tuent aveuglément, leur vie n’a pas de but, ils ne vivent que pour eux et ceci est insupportable. Ils ne doivent plus se soustraire aux lois de ce monde.
J’ai failli réussir deux fois. La première c’était lors de la 7ème croisade, organisée par le roi Saint Louis. Je m’étais battue contre Amasis dans une commanderie templière. Cette femelle sournoise avait fait de la Normandie l’enjeu de ce combat. J’ai échoué et les chevaliers ont péri. La Normandie est devenue leur royaume secret dans lequel ils ont fait venir leurs comparses.
La seconde fois c’était lors de la dévastation de la ville de La Nouvelle Orléans par l’ouragan Katrina. Tels des vautours, ils s’étaient introduits dans la ville et profitaient de la nuit pour commettre leurs méfaits. J’ai dû combattre le couple cette fois et bien sûr ils eurent le dessus, me laissant exsangue et à l’agonie. Je serais mort si Gabriel ne m’avait secouru.

Je suis retourné à la maison-mère où j’ai mis au point un plan avec plusieurs de mes amis mais j’aurais besoin d’aide sur terre pour qu’il réussisse. Je ne peux plus échouer.
Le Seigneur a placé sa confiance en moi et je ne veux pas le décevoir.

Je suis Raguel, la vengeance de Dieu.

NOM: Norrington
PRENOM: Val

SEXE: Masculin
LIEU DE NAISSANCE: Worcester
RACE: Vampire

Histoire

Quand tout cela a-t’il commencé ? Depuis ces ténèbres autour de moi ? Depuis quand ces cris de douleur chaque fois que je me nourris ? Depuis quand cette haine ?
Ma tête est lourde et mon corps vidé de toute énergie. J’ai l’impression de flotter, de ne plus m’appartenir et mon esprit se met à divaguer. Je me souviens…

25 mars 1628. Angleterre, région des Midlands.

J’avais 30 ans et j’étais prêt à succéder à mon père à la tête du Comté de Worcester. Sa mort, survenue une semaine plus tôt, avait été subite, imprévisible. On l’avait retrouvé dans son lit, dans une mare de sang, les yeux grands ouverts et une expression de terreur sur son visage. J’ai immédiatement fait exécuter quelques prisonniers dont je savais qu’ils contestaient l’autorité de leur suzerain. Bien sûr, il était impossible que ce soit eux mais ils pouvaient avoir des complices dans le château. Ils furent pendus haut et court et leurs cadavres pourrissent encore sur nos murs pour servir d’exemple. Mais cette exécution ne m’a pas apaisé. Au contraire, la vue de ces corps se balançant au bout d’une corde me rend chaque jour plus nerveux et je sens monter en moi une angoisse sourde qui va me rendre fou.
Ma gouvernante m’a fait porter des infusions censées me calmer mais ce n’est pas d’infusion dont j’ai besoin. Les responsabilités qui m’incombent désormais sont trop lourdes pour moi. Je les sens peser sur mes épaules comme autant de croix en pierre. Bien que j’aie attendu ce jour avec impatience, soudainement je refuse de faire face. La vue de mon père baignant dans son sang m’a traumatisé. Est-ce la façon dont finissent les aristocrates de ce pays ? Non, je ne veux pas mourir. Je ne prendrais donc pas le titre de Duc de Worcester ainsi que mon père l’a voulu pour moi en me faisant son héritier unique.
J’ai deux frères. Je ne suis que le benjamin de cette fratrie. C’est l’aîné, William, qui aurait du hériter. Mais mon père a toujours eu un faible pour moi. Prétextant une conduite honteuse de notre mère, il a renié mes frères et m’a ainsi fait son seul et unique légitime héritier. Autant dire que je compte mes amis sur les doigts d’une seule main dans ce comté.
Je regarde les corps des hommes que j’ai fait pendre et je sais qu’ils n’y sont pour rien. Je le sens. Cette mort est quelque chose de beaucoup plus personnel. Je fais rapidement le tour de tous ceux qui aimeraient nous voir sombrer dans l’autre monde. Je vois ma mère d’abord, dont la réputation a été flétrie pour l’amour d’un fils. Ensuite, je vois mes frères, relégués au rang de bâtards alors qu’ils autant sinon plus de droits que moi à revendiquer ce titre de Duc et les terres qui vont avec. Autour de ce noyau, il ya les trois quarts d’une court de province qui est partie les rejoindre dans les Highlands, dont est originaire ma mère. Je suis à moitié écossais et d’instinct, je sais que dans ce pays on ne pardonne pas les traitrises comme celle de mon père. Surtout envers une femme dont la conduite a toujours été un modèle pour les siens. Je peux donc rajouter quelques milliers de personnes supplémentaires qui ne pleureront pas la disparition de mon père.

Est-il temps de penser à tout ça ? Ce soir, je serais investi de mes pouvoirs et recevrais la couronne de Duc du Worcestershire. Ce soir, il y aura un bal. Toute la noblesse d’Angleterre est invitée. Ce soir… Mon conseiller, le très discret John Woolgate sera là pour m’épauler. Il n’est pas seulement mon conseiller. C’est également un ami de longue date. Un homme brillant, altruiste, venu du peuple mais dont les manières ont su séduire ceux de mon rang. John sera là et je me sens un peu rassuré. Je rentre me préparer…

27 mars 1628. Angleterre, région des Highlands.

J’ouvre les yeux sur un paysage fantastique. Des collines verdoyantes, un vent violent, un lac argenté en contrebas. Et ce soleil à moitié voilé par de lourds nuages noirs. L’air sent l’orage. Ce que je fais là ? Je l’ignore. Mon corps n’est qu’une atroce douleur. J’ai mal dans tous mes membres et lorsque je passe la main autour de mon cou, j’enlève une mince croûte de sang. Que s’est-il passé ? Je porte encore mes vêtements du bal. Le bal… La musique, les invités, le repas. John est assis à quelques places de moi. Je sens son regard. Il est insistant, lourd, je ne sais pas pourquoi et cela me met mal à l’aise. Je profite d’une danse, pour me lever et aller lui parler discrètement. Je lui demande d’arrêter ce manège et il me répond froidement « A ta guise mon prince ». Je m’inquiète de ce comportement.
Mais je dois assurer mes devoirs d’hôte et je continue de faire bonne figure devant mes invités. Après, je ne sais plus. Ma mémoire me joue des tours. Et je me réveille ici dans ce paysage incroyable. Aucun doute, même si je n’y suis jamais allé, je sais où je suis. Je suis un Lord anglais, habillé somptueusement au cœur d’une Ecosse révoltée. Si je ne me débarrasse pas de ces vêtements rapidement, je ne vivrais pas un jour de plus en ce pays.

27 mars 2007. Angleterre, Londres

Je suis encore en vie… mais à quel prix. Toute cette vie est devenue trop lourde. Ma victime, un junkie aux veines infestées d’héroïne m’a donné la mort tant attendue. Alors pourquoi toute cette agitation autour de moi ? Ces cris ? Ces gens et ces sirènes qui vrillent mes tympans ? On me lève, on m’emmène dans une ambulance… vers la vie.
Cette vie que je maudis.

NOM: Carpenter
PRENOM: Mary

SEXE: Féminin
LIEU DE NAISSANCE: Sydney
RACE: Succube

Histoire

Vous êtes libres de l'écrire

NOM: des Ronces de la Borde, Comte de Bourgogne
PRENOM: Phillipe
Nom d'usage (pour les anges et gargouilles): Sahriel

SEXE: Masculin
LIEU DE NAISSANCE: -
RACE: Ange déchu

HISTOIRE

Il fut un temps où je sus ce qu’aimer voulait dire. Il fut un temps où je sus ce qu’était la compassion, l’empathie et l’amitié. Il fut un temps où je côtoyais les êtres les plus purs.
Ce temps est révolu. Je ne suis plus qu’une ombre, un souvenir de ce que je fus jadis, il y a si longtemps. Si longtemps qu’aucune mémoire d’homme ne pourrait en retenir le souvenir. Mais je ne suis pas un homme et ne l’ai jamais été. Je fus un ange. La seule chose dont je ne souviens pas est le nom que je portais là-haut. Mais il m’a été retiré lors de mon renvoi et depuis je porte le nom de Sahriel. Je suis le seizième ange à avoir chuté.

J’ai du mal à comprendre les raisons de mon renvoi, tout au plus suis-je capable de rassembler les évènements qui y conduisirent.
Tout commença au IXème siècle, vers l’an 806 je crois. A cette époque, j’étais un ange gardien. Ma mission était de protéger un être humain en particulier et de le guider vers la lumière. Cet humain était une humaine. Elle était belle et fragile comme l’aube naissant, douce comme la caresse du vent printanier et dévouée envers ses proches. La beauté de son âme était grande et souvent je me perdais dans sa contemplation. Elle s’appelait Mélissende. Elle était fille d’un forgeron et elle n’avait vraiment pas besoin de moi pour gagner sa place au Paradis. Ma mission était donc des plus tranquilles et de plus en plus souvent, je me permettais de jeter un œil sur d’autres humains dont je n’avais pas la charge mais dont le comportement m’inquiétait. Bien sûr, on me rappela à l’ordre et je m’efforçais donc de garder un œil sur Mélissende.
A force de n’avoir plus qu’elle en tête, elle devint une obsession. Peut-être me suis-je laissé trop aller à de viles pulsions humaines mais je ne pouvais rester indifférent au spectacle éblouissant de sa beauté. Plusieurs fois, je fus tenté de prendre forme humaine pour pouvoir l’approcher, lui parler, la toucher mais j’étais un ange et les anges n’apparaissent pas aux humains sauf lors de missions très précises. Pour m’aider à résister, je m’ouvrais de mon trouble à d’autres anges gardiens mais leur réponses étaient si prévisibles et si peu « personnelles » qu’elles ne firent que contribuer à augmenter mon trouble.
Les semaines passaient et mon attirance pour Mélissende grandissait. Je ne pouvais ignorer qu’un jour ou l’autre je finirais par céder à mon désir. Cela arriva le soir du solstice d’été. De grands feux de joies avaient été allumés dans le village pour célébrer l’arrivée de l’été et le début des récoltes qui promettaient d’être magnifiques. Tous les jeunes gens et jeunes filles dansaient autour des feux et des banquets étaient dressés tout autour de la place centrale.
C’était la première année où Mélissende avait l’autorisation de participer aux danses estivales et sous l’œil vigilant de son père elle offrait un spectacle gracieux. Je ne pouvais plus tenir et je pris forme humaine pour aller danser à ses côtés. En me voyant arriver, elle me sourit et m’entraina dans une ronde étourdissante. Seuls ceux qui ont chuté savent ce que signifie réellement le mot « ivresse ». Ce soir-là, je devins ivre de bonheur. Je sentais la chaleur du feu sur ma peau, la fraîcheur de l’eau dans ma gorge lorsque je me désaltérais et la douceur des mains de Mélissende dans les miennes. Il ne sert à rien de vouloir expliquer ces sensations à ceux qui sont restés là-haut. C’est comme vouloir expliquer un arc-en-ciel à un aveugle. Nous dansâmes longtemps ensemble cette nuit-là malgré les invitations des autres garçons. J’usais de mon pouvoir pour qu’elle le repousse et ne soit qu’à moi. Je sais que j’ai agis par convoitise et que ce seul pêché a suffit à me faire condamner mais jamais je n’ai voulu lui faire le moindre mal. Je n’ai voulu que son bonheur. Je souhaitais l’emmener avec moi loin, très loin, hors d’Europe, dans une contrée où nul ne saurait rien de nous et nous pourrions vivre éternellement l’un avec l’autre. Car j’avais aussi le désir insensé de la faire immortelle. Comment ? Je n’avais pas ce pouvoir et je savais que Dieu refuserait. Il n’existait qu’une seule race de créatures, hormis Dieu, capable de donner l’immortalité à un être humain. Mais ces créatures étaient maléfiques et leur demander de m’aider dans mon entreprise entrainerait ma déchéance à tout jamais.
A vrai dire, je me moquais bien de ce qui pourrait m’arriver tant j’étais obnubilée par mon projet et mon amour. L’amour rend aveugle dit-on… C’est donc aveuglée par la plus belle des humaines que je me rendis avec elle en un lieu bien précis au milieu de la nuit. Là, il nous attendait. Je n’avais eu aucun mal à le trouver, nous autres anges gardiens avons la faculté de « flairer » les créatures néfastes qui pourraient nuire à nos protégés. Il n’était pas très grand et son teint cireux effraya ma douce amie. Envoûtée par mon pouvoir, elle s’était montrée jusque là fort docile, ne posant aucune question mais la vue du monstre lui rendit ses velléités et elle tenta de s’enfuir. Ce qui se passa ensuite… Je n’eu pas le temps de réagir que déjà, il était sur elle, et lui planta violemment ses canines dans la veine qui palpitait sous la peau si fine. Emporté par son élan et certainement par le goût du sang de la jeune vierge il s’oublia et la but entièrement. Lorsque je tentai de les séparer il m’envoya rouler dans l’herbe d’un coup si violent que j’en perdis connaissance pendant quelques minutes. Mais ces minutes furent fatales à la belle humaine et bientôt elle ne fut plus qu’un corps sans vie entre ses mains. Il la laissa retomber sans précaution et avec le grognement de la bête rassasiée. J’assistai impuissant à ce spectacle terrible, pauvre petit ange gardien que j’étais et je m’effondrais en larmes sur le corps de mon seul amour terrestre.
Je regardais la vile créature s’éloigner sans un bruit dans la nuit et ne pus que constater la terrible erreur qui avait été la mienne. Comment avais-je pu me perdre au point d’en oublier toute prudence pour celle que j’étais censé protéger ? Comment expliquer un tel acte ? Je ne pouvais laisser son corps aux bêtes de la nuit, d’autant plus que sa découverte le lendemain par les villageois entrainerait une terrible panique que le père supérieur de la proche abbaye aurait bien du mal à calmer. Je repris forme céleste et emmenai son corps loin, très loin, hors d’Europe, par-delà la mer Atlantique… dans une contrée où nul ne nous connaissait. Je l’enterrai profondément et rejoignis ma place au conseil des anges.
Mais ma forfaiture était déjà connu, bien évidemment et je ne pus qu’acquiescer au jugement qui fut rendu sur le champ : l’exil définitif du Paradis. Je n’eus pas le droit de revoir mes confrères, la sentence était immédiate. Là aussi, il est très difficile d’expliquer la douleur qu’engendrent le bannissement des cieux et la perte de vos pouvoirs. Pendant plusieurs jours tout ne fut que ténèbres, angoisses et brûlures. Je souffrais moralement et physiquement et appris à ce que les hommes devaient supporter avec ce qu’ils nommaient « douleur ». Peu à peu, je m’éveillais au milieu d’un champ de ruines. Mes ruines. Les ruines de mon âme. J’avais désormais un corps physique qu’il me fallait habiller et nourrir. Je me fis voleur pour survivre et bientôt la mort devins elle aussi une fidèle compagne.

Les siècles passèrent sans que je veuille sortir de cette condition lamentable de mendiant-assassin car j’estimais devoir payer pour le crime odieux que j’avais commis. Mais cette situation pris fin, un jour d’été de l’an 1307. Le roi Saint-Louis partait en croisade et le cortège d’un noble de province eut le malheur de croiser ma route. Je les suivis quelques jours le long de la vallée du Rhône par laquelle on se rendait en Provence et une nuit, je massacrais son escorte et lui-même et emportai tout son or ainsi que des vêtements convenables. Au matin, j’atteignis une bourgade où je fus accueilli avec de grands égards car on me prenait pour un de ces voyageurs attaqués par les bandits de grand chemin. Je n’hésitais pas et me fis passer pour celui dont j’avais pris la vie. Une vie bien différente commença alors pour moi et je découvris tout le plaisir qu’il y avait à corrompre l’âme des mes ex-semblables et je le fis avec une facilité déconcertante. Plusieurs fois, on m’envoya un archange pour m’éliminer mais ils échouèrent tous.

Aujourd’hui, je regarde l’immense plaine où sont rassemblés des milliers de cavaliers et plusieurs dizaines de milliers de fantassins. Les canons vont bientôt faire leur œuvre et tailler en pièces les rangs d‘en face. Aujourd’hui, il n’y a plus d’alternative. Le destin de la France se joue ici, dans cette plaine à côté d’un village belge que l’on nomme Waterloo. Aujourd’hui, je combats pour l’honneur. C’est suffisamment rare pour le remarquer car aujourd’hui notre chef conduit ses troupes à une mort certaine. La défaite est inévitable, il le sait et nous aussi. Et pourtant, nous le suivrons, quoiqu’il arrive. Nous sommes prêts à mourir pour lui.

J’aime les hommes qui regardent la mort en face. C’est ce qui les différencie des anges et ce qui les rend bien plus beaux qu’eux.

Prénom : Leonard
Nom : Missouri
Race : humain
Age : 62 ans
Profession : privé

Physique : 1m82, assez mince, il a une légère tendance à se vouter car le poids des années pèse sur ses épaules. Les cheveux sont devenus gris, des rides sont apparues il y a bien des années et sillonnent son visage, et assez souvent porte une la barbe. Ses tenues vestimentaires datent d’une époque révolue. Et quelque soit la saison il porte une paire de chaussure à semelle crêpe, un pantalon de toile ou de velours beige, une chemise blanche, un pull noir et un par-dessus beige sans forme, sans âge mais pas exclu de tâche. Dans son holster à droite, un desert eagle équipé en balle de 50, une machine propre à vous arrêter net un taureau en pleine charge.
Ses yeux sont larmoyants, ses doigts et ses dents sont tâchés par l’usage intensif du tabac, quand à son haleine qu’il soit 8h du matin ou 19h on y décèle toujours un relent de whisky.

Qualités : persévérance… et la capacité à survivre.

Défaut : la liste serait trop longue a énumérée. Mais indéniablement son côté désabusé est le plus flagrant.


Histoire :

Boston, hiver 1942. C’est là que commence mais premières années de cette putain vie. Ma mère, en bonne catholique a mené à bien sa grossesse seule. Je ne suis pas le produit miraculeux de l’amour, même passager d’un soldat de retour au pays. Non, ma mère m’a donné vie après un viol. Une femme noire, pendant la seconde guerre mondiale, décidant de mener à terme une grossesse. Ses voisins, sa famille, tout le monde avait fini par lui tourner le dos. La neige, la rue l’alcool, le chomage, et même la dope avaient été ses compagnons d’infortune. Elle m’a expulsé en plein milieu de la nuit, au plus fort de la tempête de neige. Elle a hurlé une fois, je suis apparu, et elle m’a déposé dans une poubelle. Ne pas tuer un fœtus, ce n’est pas pour autant élever un enfant.
Une putain de chance j’ai eu, quand on type trop saoul pour savoir ce que j’étais vraiment me tira de l’amas d’immondice et me jeta dans les bras de sa grosse…
Boston, été 1950 : je marche dans les rues. Je viens de fuir un nouveau foyer d’accueil. Je crois que je marche sur les traces de ma mère. Il n’y a pas d’âge pour apprécier l’obscurité de la rue. Même en plein jour, un enfant de 8 ans, noir, seul, ne choque personne.

Boston, hiver 1952 : après les flics, le foyer, me voici dans une famille d’accueil. Cette fois-ci c’est la classe. Martacciano qu’ils s’appelaient… très gentils, une mère adorable, un père très occupé par ses affaires. Eglise, école, cours particuliers, vacances sur els grands lacs et l’Europe… Des voyages somptueux… Puis un jour, été 1957… le destin me rattrape. Le père est arrêté, nous sommes montrés du doigt. Nous perdons tout. Je dis nous car j’avais fini par considérer, Ambra et Massimo comme mes frères et sœurs. Le père est assimilé à la Mafia. Nous sommes trainés dans la boue. Je les perds de vue. La rue ne s’oublie pas. Elle me happe et je la fais mienne. Ma mère adoptive se suicide, entrainant avec elle dans la mort ses deux rejetons. La providence m’a une fois de plus épargné. Pourquoi ? Pour être ce que je suis aujourd’hui ? Avoir vu et fait ce que personne ne voudra croire ? Si on devait choisir de vivre ou mourir en connaissant son futur, ce jour là d’hiver 1942 j’aurais souhaité mourir.
La rue, sordide, sale était arpentée autant par les homos, les noirs les mexicains que par un tas de type peu recommandable allant du toxico, au dealer, au mac, que par les déviants qui étaient les plus redoutés de tous. Le mot même faisait frémir la pire racaille. Ces gens touchés aux enfants… On a beau mettre des morts à son compteur, normalement même au sein du pire salaud qui soit subsiste une morale. Ceux là étaient passés au-delà… Et ce n’étaient pas spécialement parmi nous qu’ils vivaient, non, ils venaient des beaux quartiers, et même des églises qui se présentaient comme protectrice pour tous les êtres fragiles. « Suck my ass, fucking Priest ».

1959 : New-York… La ville débauche de lumière, débauche de tout. J’arpente les rues, fort de mon expérience, et via le nom de mon père adoptif, je deviens livreur de pâtes à mes heures perdues. Je suis le seul survivant, mais également le seul noir… ou nigger… Je suis chargé de la surveillance de plusieurs familles pour un obscur patron. Couverture discrète, peu de risque car qui irait penser qu’un noir puisse être introduit dans la sacro-sainte famille mafieuse. 17 ans… Cette année là je me suis ouvert à une vie d’adulte : jeux, sexe, alcool et la musique. La musique avec mon premier concert. J’avais économisé des semaines entières mais la place arriva via Luigi… Une petite frappe qui allait faire ses preuves dans le futur mais qui à cette époque m’avait à la bonne. John Lee Hooker, au premier rang et un backstage… L’année du bonheur. Je travaillais, j’avais de l’argent, je m’étais débrouiller pour survivre, j’avais gouté avec joie eux femmes, au whisky, à la cigarette… La vie était belle pour le petit gars des poubelles de Boston.

1961… L’année débute avec ces envois massifs de jeunes sur le front Vientnamien. C’est officiel, nous sommes bel et bien en guerre. Kennedy l’a promis, il va même le faire Dès le 20 janvier. Les Etats-unis seront deux fois plus nombreux sur le théâtre des opérations.. Elle fait rage entre ceux du Sud et ceux du Nord. Qu’importe… Pleins de jeunes sont mobilisés depuis 1 an, moi je progresse, je touche même ma première voiture et pas n’importe laquelle. Une Chevy-54… Pas neuve mais quand même. Elle me permet d’être enfin autonome. J’écoute la radio, fenêtre ouverte, la neige tombe, je suis heureux, je file sur la 87ème en plein cœur d’Harlem. Sur les trottoirs les gens filent chassés par le petit blizzard du soir. La ville est comme ouatée , groggy après avoir fumée une de ses pipes d’opium du père Tseu-Hong. Puis se fut l’éclair, le trou noir…

1961 : février… Je sors de l’hôpital. Une convalescence entrecoupée par la réception d’un papier m’enjoignant de rejoindre le bureau de recrutement le plus proche. Que faire ? Se battre ou rejoindre la compagnie des cheveux longs qui dès le début s’opposent à l’idée de cette guerre ou encore… And Shit. Je me décide et me présente au bureau de recrutement. On me gratifie d’une large claque dans le dos, un grand sourire, puis le camp d’entrainement. Pour moi se sera les forces spéciales, plus connus sous le nom des bérets verts. Boue, crie, morts, meurtres, minage, déminage, reconnaissance, orientation, nuits blanches, journées rouges… les semaines se succèdent, puis les mois. Je vois mes compagnons tombés. Le petit black de Boston est toujours là. Noir mais Sergent. Je n’irais pas plus loin, ma couleur de peau me l’interdit, mais je force le respect de mes chefs. L’embuscade… un art dans lequel je suis devenu maitre. Piéger, et achever sans que l’ennemi ne vous repère…

1964 : la guerre dure, et la mort ne veut pas de moi. Les Etats-Unis sont sur tous les fronts et moi je suis dans la jungle depuis des années, mis à part quelques permissions passées à boire dans les bras rachitiques des filles, tentant de trouver un peu de réconfort contre la moiteur de leur peau, tentant de deviner si elles ne vous poignarderont pas durant votre sommeil.

1964… Les missions sont encore plus dangereuses. Les deux fronts sont à bloc et les bévues s’enchainent du côté américain. La contestation gronde au sein même du pays et dans la communauté internationale. On en entend parler, mais ici nous sommes hors du temps. Nous sommes devenus la jungle elle-même. Nous faisons corps avec elle. Nous ne rentrons plus maintenant. Les ordres tombent, nous nous exécutons sans poser de question. Moralité, amoralité ne faisaient plus partis de notre vocabulaire. Celui-ci était devenu une succession de signes, de clignements d’yeux, de postures. Notre devoir en premier, survivre en deuxième, le reste n’avait plus cours.

1973… Mars. Un ordre est émis à la radio. On se replie, on quitte, on abandonne. Replie stratégique sur les bases militaires. Le contact avec la réalité est dur. 12 années… Voilà douze années que je me bats dans cette jungle. Je suis parti à 19 ans, j’en ai maintenant 31. La fin de mon adolescence, et le début de ma vie d’adultes se sont rythmés avec les morts, les pluies, les putes, la drogue et des litres de mauvais whisky. Mon réveil est un craquement de branche, ma compagne est mon M21. Je lui dois d’être en vie. Je lui dois des centaines de morts, mais aucun ne viendra me hanter. Ils sont morts car ils étaient mes ennemis. Point. Tuer pour ne pas être tuer. Kill or be kill. J’avais choisi mon camp.

1974 : je quitte définitivement le sol Vietnamien, direction Washington. Les types dans mon genre, on leur remettait une rapide décoration, puis on les laissait. Ils étaient considérés comme incontrôlables voir même indésirables. Certains même se virent proposer quelques terres au Vietnam pour ne pas rentrer au pays. Pour moi ce fut autre chose. A ma descente d’avion, on m’avait embarqué dans une limousine noire, direction un hélicoptère, puis les montagnes et un nouveau camp d’entrainement de la CIA.

1997 : retour à une vie rangée. Depuis 5 ans j’avais quitté le théâtre des opérations spéciales. J’officiais maintenant dans un bureau avec pleins d’ordinateurs, et une petite escouade. Notre spécialité était devenue l’Afghanistan… Je parlais Vietnamien, afghan, russe, arabe et français. J’avais passé quelques années là-bas vu du monde, aidé bien des personnes et fait un tas d’autres missions surprises. Je vie seul, avec mon chien, un épagneul breton répondant au nom de Fox-Quinn. Me demandait pas l’origine du nom j’en sais foutre rien. Je l’ai trouvé un soir devant chez moi et depuis il y a élu domicile.

2001… 11 septembre. Nous sommes réveillés. J’avais prévenu, on m’a ignoré… Dès le 1er octobre je suis remercié. Rangé au placard, tenu au silence. Enfermé dans le mur du silence, pour ne pas dire : je vous avez prévenu. Enfermé car son pays n’a pas voulu reconnaitre ses torts. Enfermé car l’homme de terrain qu’il était avait vu ce qu’un tas de bureaucrates incapables avaient refusé. Il se faisait vieux maintenant… Alors il ne sera une perte pour personne.

3 octobre -Washington. J’ai un bureau bien à moi, au premier étage du 4157, Wisconsin Avenue, non loin de l’observatoire naval. Ma porte en bois porte une plaque cuivrée toute neuve, Leonard Missouri – Private Detective.
8h du matin. J’ouvre ma première bouteille et au lieu de remplir mon verre, j’en porte le goulot directement à mes lèvres. Avale une longue rasade et la repose dans mon tiroir. On frappe à ma porte. Je me lève, déjà un client… Devant moi, la femme la plus belle sur laquelle mes yeux aient eu l’occasion de se poser. Elle pose son index sur ma poitrine et me repousse légèrement. Elle va directement s’asseoir dans mon large fauteuil qui me fait face. Son regard rehaussé de noir, ses longs cheveux roux, sa peau blanche laiteuse, ses seins si magnifiquement dessiné, des hanches généreuses… Je n’entends pas sa première phrase. Je suis troublé, hypnotisé. Ce qu’elle me demande… Bien entendu. Pour ses yeux, j’aurais tué mon frère à coup de dents s’il avait fallu.

2004 : Washington. Il est 6h du matin. La barbe me gratte. Mon par-dessus est souillé de nouvelles tâches de sang frais. Je tire de ma poche gauche, une flasque de whisky cachée dans un sac papier taché du gras de mon dernier repas. Mon estomac se rebelle devant cet afflux de liquide mais tient bon. Je suis fatigué, usé… Depuis qu’elle est venue me voir. Il y a de cela 3 ans, j’ai vu pleins de choses qu’un être humain devrait ignorer… La guerre était un jeu pour enfant à côté. Le soleil se lève sur Wisconsin avenue… je me laisse tombé à genoux, mon pistolet roule dans le caniveau. Je joins mes mains et lève mon regard vers le ciel…. Dieu… Si tu existes. Pourquoi continuer de me permettre de vivre alors que je souhaite mourir ? Pourquoi ?

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